Source: International Committee of the Red Cross (ICRC) |

Somalie : les éleveurs menacés par les effets conjugués du changement climatique et du conflit

Les troupeaux tendent à diminuer de plus en plus au fur et à mesure que la végétation, dont se nourrissent les animaux, se raréfie

La Somalie est une parfaite illustration des effets dévastateurs du tandem “changement climatique + conflit

GENEVA, Suisse, 28 juillet 2021/APO Group/ --

En Somalie, le conflit et les effets de plus en plus notables de la crise climatique obligent progressivement les éleveurs à abandonner leur mode de vie, s’inquiète le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

L’instabilité du climat, les inondations et les sécheresses à répétition ont mis à mal les éleveurs nomades somaliens, dont la situation a encore été aggravée par le conflit, le Covid-19 et les récentes invasions de criquets.

De nouvelles images saisissantes rapportées de ce pays d’Afrique de l’Est donnent à voir les conditions de vie extrêmement rudes qui sont les leurs. Ahmed Mohamud explique par exemple qu’il a perdu 50 dromadaires sur les 70 que comptait son cheptel, tandis que d’autres éleveurs ont perdu toutes leurs bêtes.

« Il n’y a pas de nourriture, la terre est sèche », explique-t-il. « Ce pays est connu pour ses réfugiés. Si tu perds ton bétail, demande le statut de réfugié, c’est ce qu’on dit chez nous. Et c’est ce qu’ont fait beaucoup de gens après avoir perdu leurs bêtes. »

Les troupeaux tendent à diminuer de plus en plus au fur et à mesure que la végétation, dont se nourrissent les animaux, se raréfie.

Du fait de la multiplication des aléas climatiques tels que les sécheresses et les inondations, les éleveurs n’ont pas le temps de se remettre sur pied entre deux crises. L’instabilité engendrée par le conflit limite leur capacité d’adaptation en entravant leurs déplacements et la recherche de nouvelles zones de pâturage.

« La dernière sécheresse, en 2021, a décimé mon troupeau », raconte Mohamed Hassan Gure, un autre éleveur. « Les bêtes n’avaient pas encore récupéré de la précédente sécheresse que d’autres épreuves nous attendaient. Comme les criquets, qui ont dévoré les pâturages. »

« Privés de nourriture, les animaux ont fini par périr. Nous n’avions rien à leur donner, plus de réserves dans lesquelles puiser. À la fin, il ne nous restait plus que 50 bêtes, dont 30 ont été emportées par les pluies diluviennes. Aujourd’hui, nous n’en avons plus que 20. »

« Notre sort est entre les mains de Dieu, mais nous avons peur que notre manière de vivre finisse par disparaître. Si les sécheresses continuent de se succéder et que de moins en moins d’animaux survivent, notre mode de vie n’existera bientôt plus », ajoute-t-il.

Les crises liées au changement climatique sont de plus en plus fréquentes en Somalie. Plus de 30 phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des inondations et des sécheresses, ont frappé le pays depuis 1990, soit trois fois plus qu’entre 1970 et 1990 (selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, l’OCHA). Dans ces conditions, les communautés peinent à se relever.

Au regard de l’indice Notre Dame Global Adaptation Initiative (ND-Gain), qui évalue la vulnérabilité d’un pays face au changement climatique en fonction de sa capacité à renforcer sa résilience, la Somalie est l’un des pays les plus fragiles.

Trois décennies de conflit ont affaibli les institutions et contraint quelque 2,9 millions de personnes au déplacement. La concurrence est rude pour accéder aux ressources naturelles qui tendent à se raréfier, ce qui peut aussi engendrer des tensions et de la violence.

« La Somalie est une parfaite illustration des effets dévastateurs du tandem “changement climatique + conflit”, qui montre comment les deux phénomènes, en se conjuguant, viennent aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique », explique Abdallah Togola, responsable du programme de sécurité économique déployé par le CICR en Somalie.

« Les principaux phénomènes météorologiques extrêmes dus au réchauffement et aux changements climatiques sont les inondations, les sécheresses et les cyclones. Leur fréquence tend à augmenter, première chose, mais leur intensité, et donc leurs effets dévastateurs, aussi. »

Le CICR est venu en aide à plus de 11 000 familles en situation de grande précarité suite à la sécheresse prolongée qu’a connue la Somalie cette année.

Dans le cadre de cette assistance, des allocations en espèces d’un montant total de près de 900 000 francs suisses ont été octroyées à ces familles pour les aider à atténuer la dureté de leurs conditions de vie et à faire face à la perte de leurs moyens de subsistance.

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