Source: Office of the UN High Commissioner for Human Rights (OHCHR) |

Crise au Burundi: Zeid Ra’ad Al Hussein réclame une action vigoureuse de la communauté internationale pour éviter une autre guerre civile

GENEVE, Suisse, 17 décembre 2015/APO (African Press Organization)/ --

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein a exhorté aujourd’hui la communauté internationale à agir de manière « vigoureuse et décisive » au sujet de la situation au Burundi pour éviter une guerre civile qui pourrait avoir des connotations ethniques graves et des conséquences régionales alarmantes.
 

« La situation au Burundi est explosive et le pays est sur le point de basculer dans la guerre civile. Le carnage du week-end passé a confirmé l’étendue des violences et des intimidations qui sont en train de renvoyer le pays vers un passé profondément troublé, sombre et horriblement violent… et qui n’a fait que l’éloigner un peu plus d’une solution politique, dont le besoin est pourtant si impérieux », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Le temps des réponses fragmentaires et des petits bricolages est terminé. La situation au Burundi réclame une réponse robuste et décisive de la part de la communauté internationale. Le mois dernier, j’ai appelé le Conseil de sécurité à envisager toutes les mesures possibles pour arrêter les violences en cours et empêcher un conflit régional, y compris par des interdictions de voyager et des gels d’avoirs. Ces appels sont plus que jamais d’actualité. Les calculs diplomatiques et politiques ne doivent pas faire passer la nécessité d’agir au second plan. »

Au moins 400 personnes ont été tuées depuis le 26 avril et le bilan des morts pourrait être beaucoup plus élevé. Parmi ceux-ci, le nombre de personnes sommairement exécutées pourrait aller jusqu’à 68. Au moins 3 496 personnes ont été arrêtées en lien avec la crise politique actuelle. Les défenseurs des droits de l’homme et journalistes indépendants ont quitté le pays ou se cachent. Et 220 000 personnes ont pris refuge dans des pays voisins, auxquelles s’ajoutent de nombreux déplacés internes.

Zeid Ra’ad Al Hussein a mis en garde contre le « risque grandissant et alarmant de régionalisation du conflit » et insisté sur la nécessité pour tous les Etats, et en particulier pour les pays voisins du Burundi, de jouer un rôle constructif pour permettre une désescalade de la situation.

« Il existe un besoin crucial de surveiller de très près les frontières avec les pays voisins. Toutes les mesures appropriées doivent être prises – dans le respect du droit international des droits de l’homme – pour arrêter l’afflux d’armes au Burundi. L’utilisation de drones devrait être envisagée comme méthode pour mener à bien ce suivi », a-t-il dit.

Le Haut-Commissaire a aussi insisté sur la situation intenable des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes indépendants, dont beaucoup ont quitté le pays. Mardi dernier, quatre défenseurs des droits ont ainsi quitté le Burundi.
« Nombreux sont ceux parmi les quelque 220 000 personnes terrifiées qui ont pris refuge dans les pays voisins à appartenir aux familles qui avaient déjà dû fuir leur foyer lors de la guerre civile au Burundi et qui sont rentrées dans leur pays au cours de la précédente décennie, emplies d’espoirs de paix, de stabilité et de développement économique pour leur patrie », a déclaré le Haut-Commissaire. « Imaginez le désespoir qu’ils doivent ressentir de devoir abandonner à nouveau leur foyer et de vivre le même désarroi. »
 
« Et parmi ceux qui restent, la peur est palpable. Une population effrayée et mal informée, alimentée de discours de haine et de paranoïa, est une population qui peut être conduite vers un chemin de violence par toute partie prenante à l’impasse politique actuelle. Les conséquences de la mobilisation de tels individus serait catastrophique – en particulier au regard des éléments ethniques qui existent déjà et du passé terrible du pays en ce domaine. »

Le Haut-Commissaire a exhorté le Gouvernement du Burundi à prendre toutes les mesures nécessaires pour désarmer la milice armée pro-gouvernementale, dont les Imbonerakure, et à placer les opérations de la police, des services de renseignements et des autres forces de sécurité sous le couvert de la loi. La lutte contre l’impunité qui prévaut actuellement est aussi cruciale. Dans ce contexte, il a demandé l’implication de la Cour pénale internationale.

« Bien que l’avenir du Burundi se trouve entre les mains des responsables burundais, ce conseil a une responsabilité claire, celle de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher que le pire ne devienne réalité au Burundi au cours des prochains jours », a-t-il dit. « Nous le devons au peuple burundais qui n’a que trop souffert. »

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