Source: United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA) |

Propos introductifs du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix Conférence de presse de fin de visite, Bamako

Au Mali depuis dimanche, M. Lacroix s’est rendu à Gao, Tombouctou et Mopti où il était hier

A Mopti, nous avons rencontré les représentants de la société civile très nombreux, de plusieurs cercles et plusieurs régions du Centre

BAMAKO, Mali, 30 janvier 2020/APO Group/ --

Olivier Salgado, porte-parole de la MINUSMA :

Mesdames et Messieurs,

Bienvenus à ce point de presse et merci d’avoir fait le déplacement aussi nombreux. Aujourd’hui nous accueillons le Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, avec à ses côtés, le Représentant spécial du Secrétaire général au Mali et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif.

Au Mali depuis dimanche, M. Lacroix s’est rendu à Gao, Tombouctou et Mopti où il était hier. Les rencontres furent nombreuses durant ces jours de travail intense.

Je laisse sans plus tarder le soin à M. Lacroix de vous livrer ses impressions et remarques qui seront suivies par une session de questions/réponses. M. Lacroix, c’est à vous.

Jean-Pierre Lacroix : Merci beaucoup et bonjour mesdames et messieurs. Tout d’abord, excusez-nous du retard. Nous avons eu des réunions importantes avec M. Annadif et Mme Gasarabwe ainsi que les collègues de la MINUSMA, et des discussions très riches avec les représentants des partis politiques ce matin. Je le dis parce qu’ici au Mali, une des caractéristiques c’est la richesse du dialogue, la liberté de parole, la franchise des discussions et des débats, et je crois que cela n’a pas de prix. Mais c’est aussi quelque chose qui prend un peu de temps, donc encore une fois, nos excuses.

L’objectif de cette visite est de faire le point mais surtout de voir comment nous, aux Nations Unies et la MINUSMA, mais aussi avec nos partenaires, comment nous pouvons accompagner les efforts qui sont en train d’être faits pour ramener la paix et la stabilité au Mali. C’est dans cette perspective que nous sommes allés à Gao et aussi dans le Centre, à Mopti. Nous avons rencontré la société civile et les représentants des autorités. J’ai rencontré le Premier ministre ainsi que plusieurs ministres. Ce qui ressort est qu’il y a bien sûr des défis en matière de sécurité, des efforts qui sont encore importants dans le domaine de la mise en œuvre de l’Accord de paix et la situation au Centre, mais il y a aussi des perspectives. Il y a aussi des pistes qui sont encourageantes.

D’abord, il y a le Dialogue national inclusif qui a donné lieu à une large consultation et dont je crois qu’il est jugé positivement par une très large majorité des interlocuteurs que nous avons rencontrés. Je crois aussi qu’il a donné lieu à une large socialisation de plusieurs questions auprès des participants, auprès de la population malienne, y compris l’Accord de paix.

Il a maintenant la perspective de la mise en œuvre des conclusions du Dialogue inclusif et notamment la perspective prochaine de la tenue des élections pour lesquelles les Nations unies seront en soutien naturellement pour que ces élections se tiennent dans les meilleures conditions possibles, meilleures conditions de sécurité possibles, meilleures conditions d’inclusivité à la fois s’agissant de l’ensemble des régions du Mali, mais également la participation des femmes, des déplacés, pour que ce soit une consultation qui puisse réellement donner un nouvel élan, aussi créer des bases pour la mise en œuvre d’autres éléments importants comme les réformes institutionnelles.

Il y a aussi des perspectives encourageantes en ce qui concerne le redéploiement de plusieurs unités des Forces armées du Mali, les FAMa reconstituées à Kidal, à Gao, à Tombouctou, à Ménaka. Je suis convaincu que ce sera une étape extrêmement importante sur les plans sécuritaire, politique et symbolique. Vous le savez, les Nations unies sont totalement en soutien de cette démarche, à la fois un soutien politique, mais aussi pratique et logistique important depuis le début, et nous allons continuer.

Il y a la situation au Centre. A Mopti, nous avons rencontré les représentants de la société civile très nombreux, de plusieurs cercles et plusieurs régions du Centre. Ils nous ont exprimé leur reconnaissance et leur appréciation pour ce que fait la MINUSMA. Et là, ce n’est pas moi qui parle. Ce sont vraiment eux qui nous ont dit qu’ils appréciaient ce que nous faisons, qu’il y avait plusieurs zones où ils reconnaissaient qu’il y avait eu des progrès en matière de sécurisation mais aussi pour amener des appuis sous forme de projets concrets au bénéfice de la population grâce à l’action de la MINUSMA qui travaille toujours en étroite liaison avec les autorités nationales et locales, mais aussi les populations et la société civile. Dans le Centre, nous avons aussi entendu des attentes de la part de ces représentants et aussi des critiques. Tout cela, nous l’avons pris comme un encouragement à faire plus, à faire davantage et à faire mieux.

A Gao, nous avons aussi rencontré des représentants de la population qui ont aussi exprimé ces sentiments positifs sur l’action de la MINUSMA et qui nous ont dit qu’eux étaient les premiers concernés par l’action de la MINUSMA. On l’a aussi entendu dans le Centre. Ils vivent des situations difficiles et compliquées et sont bien placés pour mesurer ce que l’on fait et sont bien placés pour nous dire certaines attentes et certaines critiques. Tout cela, encore une fois, nous le recevons dans une approche constructive parce que notre but est de soutenir les efforts en cours et de soutenir la population.

La MINUSMA est sollicitée. Vous le savez, nous avons maintenant un Mandat pour le Centre et un Mandat pour le Nord et les moyens de la Mission sont toujours les mêmes. Les états membres ne nous ont pas donné davantage de moyens. Alors nous faisons deux choses. D’abord, nous faisons le maximum pour réorganiser le dispositif afin, malgré ces contraintes de moyens, d’être là où le besoin se fait le plus sentir et d’optimiser nos moyens. Je crois qu’il faut comprendre. Parfois, on voit seulement la composante militaire, et de manière trop exclusive. La MINUSMA c’est un ensemble d’actions avec des civils, des policiers, des militaires qui font beaucoup de travail politique, travail de réconciliation, de soutien aux efforts politique au niveau national à travers l’action de tous les jours de M. Annadif notamment mais aussi des efforts au niveau local, encourager les efforts de réconciliation des communautés, encourager le retour des services, encourager le retour de l’Etat, encourager le retour de la police et des services judiciaires parce qu’il faut que la justice puisse travailler, qu’il y ait pas d’impunité, c’est fondamental.

Nos moyens militaires sont aussi en soutien aux FAMa qui sont dans un processus de reconstruction qui n’est pas facile. Il est d’autant moins facile que les FAMa sont aussi en opération. Je crois qu’il y a peu de cas dans le monde de forces armées qui sont à la fois en reconstruction, et en même temps dans un processus d’opération difficile. Tout cela nous le comprenons et encore une fois, c’est un défi. Nous sommes là pour apporter notre concours.

Je voudrais par avance dire que nous souhaiterions faire plus avec davantage de moyens. Ce n’est pas tellement une question de Mandat. Tout ce que nous faisons collectivement avec la population, les sociétés civiles, les autorités…tout cela a pour but de faire revenir l’État, de faire reculer la menace terroriste. Nous avons un Mandat suffisamment robuste pour aller contrer les acteurs terroristes lorsqu’il le faut. Je crois que ce qui est important est de continuer les efforts.

De notre côté, que nous fassions le maximum pour nous adapter aux circonstances qui changent. Nous avons en cours un plan d’ajustement ou d’adaptation de notre Force qui est au service de l’ensemble de la Mission et au service des Maliens, au service des autorités. J’ai personnellement dit aux états membres qu’il faudrait un effort de leur part sur les ressources pour nous permettre de mener à bien ce plan d’adaptation. Nous avons aussi une exigence qui est de poursuivre et de renforcer cette étroite coopération avec les populations, avec les acteurs locaux. Ce n’est que de cette façon que nous réussirons un effort collectif avec les Maliens, leurs autorités, leurs représentants à tous les niveaux et bien sûr les partenaires qui travaillent à nos côtés que ce soit l’Union européenne ou encore le G5-Sahel, qui connait une nouvelle dynamique à la suite du Sommet de Pau qui a donné une impulsion et redéfinit les priorités stratégiques. Les Nations unies et la MINUSMA soutiennent le G5-Sahel de manière très concrète. Nous souhaiterions avoir un Mandat pour faire plus mais le Mandat que nous avons, nous voulons le mettre en œuvre pleinement.

Voilà mesdames et messieurs, quelques commentaires que je voulais faire. Je serai heureux de répondre à vos questions.

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