Source: International Federation of Human Rights (FIDH) |

Guinée-Bissau : Grave Détérioration de La Situation Sécuritaire de La Société Civile Sur Fond de Tentative de Coup d’État

Après ces événements violents, la situation sécuritaire dans le pays, en particulier celle des défenseur.e.s et des organisations des droits humains, s’est considérablement détériorée

L’Observatoire exhorte également les autorités à mettre fin à tous les actes de harcèlement à l’encontre de toutes les organisations engagés dans des activités légitimes de défense

PARIS, France, 4 mars 2022/APO Group/ --

Depuis la tentative de coup d’État du 1er février 2022, les médias indépendants, les organisations de défense des droits humains et leurs membres sont pris pour cible par les autorités. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (FIDH-OMCT) exprime sa plus vive inquiétude quant à l’intégrité physique et au bien-être psychologique de tous les membres de la société civile en Guinée-Bissau et appelle les autorités à mettre fin à tous les actes de harcèlement contre les défenseurs et les organisations de défense des droits humains dans le pays.

Le 1er février 2022, un groupe d’hommes armés a attaqué le Palais du Gouvernement dans la capitale Bissau au moment où le gouvernement était réuni en Conseil des ministres en présence du Président de la République, M. Umaro Sissoco Embalo. Cette tentative de coup d’État a été déjouée par les autorités après cinq heures de confrontation, entraînant la mort de 11 personnes selon les données officielles.

Après ces événements violents, la situation sécuritaire dans le pays, en particulier celle des défenseur.e.s et des organisations des droits humains, s’est considérablement détériorée.

Le 8 février 2022, la Liga Guineense dos Direitos Humanos (LGDH), membre de la FIDH, a tenu une conférence de presse en réaction à l’attaque du palais du Gouvernement, demandant à ce qu’une enquête transparente soit menée afin de traduire les responsables devant la justice. Le contenu de cette déclaration n’a pas plu aux autorités bissau-guinéennes qui ont alors commencé à intimider et menacer les membres de la LGDH. Le 10 février 2022, la LGDH a tenu une seconde conférence de presse au cours de laquelle elle a dénoncé les exactions commises par des individus non identifiés contre les citoyen.ne.s et les médias depuis la tentative de coup d’État, et notamment l’attaque des locaux de Radio Capital FM, ainsi que la détérioration de la situation des droits humains dans le pays. Depuis ces rencontres avec la presse, les principaux dirigeants de la Ligue, notamment son président Augusto Mário da Silva et son vice-président Bubacar Turé, ont reçu des menaces de mort anonymes et des visites intimidantes d’hommes armés à leurs domiciles respectifs. En conséquence, plusieurs membres de la LGDH et des voix dissidentes ont quitté leur domicile à la recherche de lieux plus sûrs.

Dans la foulée de ces actes d’intimidation contre les défenseur.e.s des droits et les voix dissidentes, la résidence de M. Luís Vaz Martins, ancien président de la LGDH, a été envahie par des hommes armés. En conséquence, il a été contraint de fuir vers un endroit plus sûr.

Par ailleurs, la liberté de la presse est gravement menacée depuis la tentative de coup d’État, les médias indépendants étant pris pour cible en raison de leur position critique à l’égard des autorités du pays. Le 7 février 2022, les locaux de Radio Capital FM à Bissau, une radio indépendante critique à l’égard du régime, ont été attaqués et leur matériel détruit par des hommes armés masqués, faisant sept blessés parmi les journalistes, dont un dans un état grave. De plus, le 8 février 2022, en début de soirée, la maison de M. Rui Landim, commentateur politique sur Radio Capital FM, a été attaquée par des hommes armés portant des uniformes de la police d’intervention rapide, qui ont tiré à l’arme automatique ainsi que des gaz lacrymogènes sur sa maison. Les locaux de la radio avaient déjà été attaqués et la quasi-totalité de son matériel détruit le 26 juillet 2020.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains exprime sa plus grande préoccupation quant à la détérioration de la situation sécuritaire en Guinée-Bissau et son impact sur les défenseurs des droits humains, les médias indépendants et les organisations de la société civile. Les attaques mentionnées ci-dessus portent considérablement atteinte aux droits humains fondamentaux internationalement reconnus tels que la liberté d’expression et la liberté d’association.

L’Observatoire exhorte les autorités bissau-guinéennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir, en toutes circonstances, l’intégrité physique et le bien-être psychologique de tou.te.s les défenseur.e.s des droits humains et des militant.e.s de la société civile dans le pays. L’Observatoire exhorte également les autorités à mettre fin à tous les actes de harcèlement à l’encontre de toutes les organisations engagées dans des activités légitimes de défense des droits humains en Guinée Bissau, et à garantir en toutes circonstances qu’elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans entrave ou crainte de représailles.

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